Les substances minérales produites par la SAKIMA
Le Coltan
La Cassitérite
La colombo-tantalite, « coltan » est un minerai de Colombium et de Tantale se présentant sous forme de (Fe,Mn) (Nb,Ta)2 Os qui contient l’oxyde de niobium appelé columbite et l’oxyde de tantale appelé tantalite. La columbite et la tantalite sont des minéraux relativement communs de pegmatites. Ils sont souvent, comme la wolframite, accompagnateurs de la cassitérite.
Bien qu’il soit revenu au prix d’avant la grande surchauffe, soit 60$/kg après avoir atteint le pic de 119 $US/kg en 2001, le coltan continue, selon Patrick MARTINEAU, d’alimenter attentes et questionnement non seulement, en raison de son rôle prédominant dans les luttes régionales, mais aussi pour les bénéfices qu’il procure à certains intérêts privés et pour son statut de matériau « critique » et « stratégique » pour certains pays occidentaux.
Il est aussi très important pour la République Démocratique du Congo, à cause des revenus qu’il procure à des nombreux opérateurs miniers intervenant dans son exploitation. Ces revenus, bien répartis, pourraient avoir un impact positif dans la lutte contre la pauvreté.
Il en résulte donc la nécessité d’analyser la chaîne de production, le circuit de la commercialisation du coltan et la distribution des profits.
La valeur marchande du coltan est fonction de sa teneur en tantalite.
A ce jour, le coltan extrait en République Démocratique du Congo provient de l’exploitation artisanale, et est vendu pratiquement à l’état brut. Les opérations d’extraction métallurgique et de transformation du tantale sont réalisées à l’extérieur du pays.
Le tantale est stratégique à cause de ses usages qu’on peut résumer comme suit :
1. | sous forme de poudre métallique, le tantale sert à la production des capaciteurs ou condensateurs utilisés dans les téléphones portables ; |
2. | en forme de fils métalliques, le tantale sert à relier les circuits. Les deux formes, poudre et fils, couvrent plus de 50 % des usages actuels ; |
3. | le métal entre dans la fabrication des différents réacteurs utilisés dans l’industrie chimique ; |
4. | le tantale entre également dans les superalliages utilisés pour la fabrication des moteurs d’avions, des fusées et des missiles ; |
5. | le tantale se lie au carbone pour former le carbure qui sert à la fabrication des outils de coupe. Dans ce même usage, il peut être en combinaison avec les carbures de tungstène et de cobalt. |
La répartition des usages du tantale pour l’année 2000 est donnée dans le tableau n° 1 :
Tableau 1 :
Applications | Pourcentage |
Condensateurs | 68 % 11 % 8 % 5 % 2 % 2 % 1 % 3 % |
Source : Patrick Martineau (2003) : GRAMA : la route Commerciale du Coltan congolais : une enquête.
Comme le montre le tableau n° 1, le tantale est principalement utilisé dans la fabrication des composants électroniques, essentiellement les condensateurs. Selon certaines sources, l’usage en électronique monopoliserait 50 à 80 % du marché du tantale.
Le secteur de la communication sans fil consomme 18 à 35 % de condensateurs en tantale.
Source : Etudes réalisée par la Cellule Technique de Coordination et de Planification Minière (CTCPM, Mai 2005)
La cassitérite, avec près de 78,8% d’étain à l’état pur, est le principal minerai qui livre l’étain en République Démocratique du Congo.
Les alliages d’étain avec Zn, Al, Si, Sb, etc. servent essentiellement dans les réacteurs. Toutefois, l’essentiel de la production d’étain est utilisé pour la fabrication des boites de conserves, de boissons sucrées, les casseroles, etc. On le retrouve aussi dans pas mal d’outils et instruments courants tapissant la vie moderne : appareils électroménagers, Automobiles, machines diverses, les dentifrices, etc.
Il s’associe dans la nature avec des métaux tels que tantale (obtenu à partir du Coltan), tungstène (tiré de Wolframite), terres rares (issues de Monazite), lithium (livré par le Spodumène), … qui sont qualifiés de métaux accompagnateurs.
Au Congo, les gisements d’étain connus résultent en grande partie des campagnes de recherche initiées par des organismes coloniaux. D’importants gisements furent ainsi découverts bien sûr, dans les provinces du Maniema, Sud-Kivu, Nord-Kivu mais aussi dans le Katanga (Mitwaba et surtout Manono).
Le rapport des nouvelles campagnes est fragmentaire. Cependant, une campagne de recherche menée en 1981 dans quelques localités de l’Est de la RDC a donné les statistiques de réserves suivantes :
Province | Territoire | Localité | PE | Réserves (kt) | |
Maniema | Pangi Punia Shabunda | Batamba Saulia Bilu | 2595 87 88 | 21,854 14,997 24,168 | |
Total = | 116,696 |
Source : Service topographique et de recherche (SOMINKI, 1981)
• Actuellement, l’essentiel des gîtes stannifères des provinces dites de l’Est sont couverts par des PE appartenant à Sakima SARL qui, par conséquent, trône sur 3508,67 kt (Statistiques du Service Géologique, 1997) en réserves des minerais d’étain et associés dont 16,3% en réserves certaines, 33,7% en réserves possibles et 50% en réserves probables.
• En termes géographiques, 47,5% des réserves sont contenues dans les concessions du Maniema ; 31%, dans les concessions du Sud-Kivu et enfin, 21,5%, dans le Nord Kivu.
• Voici donc le tableau qui reprend ces données sur les carrés miniers et la réserve :
Province | Secteur | Nombre de PE | Réserves ( kt) | |||
Certaine | Probable | Possible | Total | |||
Maniema | Kalima-Moga | 8 | 119,00 62,47 | 241,60 | 360,60 | 721,19 |
Sud Kivu | Lulingu | 8 | 92,92 | 190,52 | 283,43 | 566,87 |
Nord Kivu | Walikale | 8 | 102,93 | 210,85 | 313,78 | 627,56 |
Source : Service géologique SOMINKI (1997)
Voici la Carte la répartition des concessions stanno-aurifères dans les provinces de l’Est :
Les statistiques de réserves du Katanga sont assez fragmentaires, cependant, les publications coloniales chiffraient ces réserves à 10% des réserves totales pendant que celles du Kivu s’élevaient à près de 90%.
- Les gîtes stannifères du Congo peuvent être morphologiquement repartis en :
- gisement détritique plus ou moins friables : alluvionnaire et éluvionnaire
- gisement primaire : dur, plus ou moins inhumé et pourvu de bonnes pépites des minerais.
Les gisements détritiques ont été le plus exploités en raison entre autres de leur position superficielle et de leur faible dureté. C’est pour cela que ce sont des méthodes manuelles et semi-mécaniques qui étaient très répandues dans les mines d’étain et accompagnateurs en RDC.
- Les statistiques de production montrent dans toutes les mines de la RDC exhibent une évolution similaire à celle observée dans les mines Sakima (Figure ci-dessous) :
L’évolution de la production montre donc quatre étapes essentielles :
1°) Chute de production
Elle s’étend de1975 à 1980 et est caractérisé par le déclin de la production dû à l’extinction des gîtes détritiques (connues) à fortes teneurs, la dégradation de l’environnement minier, l’encadrement minier très médiocre, etc.
2°) Stabilisation (1981 – 1983)
Des recherches furent initiées souvent avec succès pour explorer les possibilités de valorisation des gîtes primaires et des rejets d’exploitation et mettre en évidence des extensions des dépôts connus.
3°) Relance de la production (1984 à 1985)
Elle constitue l’aboutissement heureux du programme de développement initié à l’étape précédente.
4°) Production de survie
Les circonstances subséquentes au crash ont fait que les sociétés minières ont adopté des mesures spontanées destinées à assurer tant soit peu leur survie.
- Les statistiques de production artisanale montrent pour deux localités du Maniema (Kalima et Punia) montrent une évolution suivante entre 2008 et 2011 :
- Il ressort de cette évolution que 2 étapes peuvent être distinguées :
- Stabilisation de la production : 2008 – 2009
- Chute brusque de la production (2009 – 2010) : elle a été essentiellement causée par la décision du Chef de l’Etat de suspendre la commercialisation des productions artisanales.
- Reprise de la production (2010 -2011) : elle est consécutive à la levée de la mesure du Chef de l’Etat
- Avant les années 2009, les statistiques de production artisanale se situaient dans ces deux localités autour de 3,7 kt des minerais par an ; ce qui totalise près de 74% de la production industrielle (annuelle) au cours des années fastes.
- Cette évolution a été confirmée par les chiffres de production (20 kt par an au Kivu) présentés lors des cinquièmes journées minières (2007) organisées par le ministère de mine.
Les décennies d’exploitation n’ont entamé sérieusement que les unités détritiques les plus riches (teneur au dessus de 1 kg/m3) ; les gisements primaires connus étant demeurés quasi-intacts.
- Il y a donc besoins urgents de réactualiser et certifier les réserves connues pour espérer à coup sûr relancer les activités minières et favoriser concomitamment l’essor du pays.
- Pour finir, les procédés d’exploitation et d’épuration doivent être adapté à la technologie moderne pour permettre au pays de passer de l’exportation de matière première brute à l’exportation de matière première finie.